L’Œuvre libertine des poètes du XIXe siècle
Conte érotique en vers (XIXe siècle)
C. Candide, « L’Amour et l’Anglaise », L’Œuvre libertine des poètes du XIXe siècle, pièces recueillies par Germain Amplecas (alias Guillaume Apollinaire), Bibliothèque des curieux, collection « Les maîtres de l’amour », Paris, 1918, pp. 23-25.
- Une blonde enfant d’AlbionPour les hommes portée, ainsi qu’il s’en rencontre,Avait pris au premier, comme location,- Un bel appartement tout contre- Celui de trois officiers.Ce fut dans Orléans, près de la Croix de Malte,Que la belle insulaire avait ainsi fait halte.Ses charmes aussitôt furent appréciés- De notre trio militaire- Et, sans passer chez le notaire,Un contrat se stipule entr’eux tacitementFixant que, pour jouir des attraits de la belle,- Qui n’était point par trop rebelle,Chacun à tour de rôle en son appartementMonterait ; au surplus, ils furent mis à l’aiseAssez commodément sur ce point, par l’Anglaise.- Un exercice finissaitQu’aussitôt, bien souvent, un autre commençait.Il faut dire, pourtant, qu’aux tendres saturnales- On mit de légers intervalles :Tantôt ces trois messieurs, chez la douce ladyEnsemble réunis, aux soupers du lundi,- S’amusaient à faire bombance ;Et tantôt, variant à dessein leurs plaisirs,- On les voyait prendre vacance,Cultiver d’autres fleurs, égayer leurs loisirsPar quelque changement ; c’est assez leur usage- D’agrémenter le paysage.Toute femme, à vingt ans, est un vrai diamant.En amour, comme on sait, l’on suit beaucoup de routes ;Quand jeune, il m’en souvient, je souriais à toutes,- De toutes j’eusse été l’amant.Ainsi jeunesse est faite, elle aime à rigoler,- Il faut bien nous en consolerEt nous qui la blâmons, dans notre barbe grise,Rappelons-nous ces temps où notre ciel s’irise,Où la femme en nos coeurs fait tant d’impression ;Rien qu’à la regarder on sent la passionQui monte, qui fermente, et s’échauffe et s’enflamme !On se sent pris, on aime ; on aura cette femme !On veut frôler sa robe ; on rêve à ses appas,On la suit à la piste, on baiserait ses pas…Ah ! c’est toujours ainsi que l’amour nous exalte !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Après un temps d’arrêt d’une semaine ou deuxNos soldats revenant, d’autant plus amoureux,Pensaient à leur Anglaise et de la Croix de MalteIls prenaient le chemin, quand, ne sais par quel vent,- Ils surent ce fait décevantQu’on avait pénétré chez leur belle insulaire,Que trois abbés musqués, séduits par sa beauté,- Étant parvenus à lui plaire,Chez elle en ce moment goûtaient la volupté.Cette nouvelle advint comme ferait la foudreEt produisit l’effet du feu sur de la poudre.« Comment ! par des abbés se laisser supplanter !« Il ne faut pas, morbleu ! qu’ils s’en puissent vanter !« Jurer n’est suffisant et de la noire engeance- « Il s’agit de tirer vengeance. »On ne sait pas assez la force des désirsQui chez le pauvre abbé couve pour ces plaisirsDe l’amour, dont il est étroitement privéPar la chaîne des voeux où l’on le voit rive.Cette promesse, hélas ! est plus que téméraire ;Le diable assez souvent essaye à l’y soustraire ;- Et s’il y parvint ce soir-là,Je ne vois rien du tout d’étonnant à cela.Nos trois abbés, déjà, par quelques escapadesÉtaient assez connus parmi leurs camarades ;De tout temps sur leur compte une faible rumeurMettait l’un en souci, cet autre en belle humeur…Ils avaient ouï parler de la belle Bretonne ;Et sans se soucier de leur maître qui tonneEt qui punit, dit-on, les prévaricateurs,De l’infante ils savaient le faible pour tout homme- Beau, jeune et surtout bien bâti.J’en connais qui, comme eux, y eussent compâti.Les abbés très dispos mordirent à la pomme,Ils étaient assez bien, mâles et vigoureux,Ce qui ne gâte rien quand on est amoureux.Notre miss a trouvé plaisante cette affaireEt les accueillant bien les voulut satisfaire…Leur robe aussi donnait je ne sais quel cachetÀ cet amour ardent dont le feu s’y cachait- Sous des apparences austères.Les femmes sont toujours friandes de mystères.En celle-ci germait la secrète raisonDe juger elle-même, et par comparaison,Qui peut être en amour meilleur chef de colonneDes héros de l’Église ou de ceux de Bellone.Leur secret, paraît-il, avait été vendu ;Et pendant qu’ils goûtaient à ce fruit défendu,Que d’un regard ardent, que d’une main béniteIls caressaient ainsi les charmes d’Aphrodite,- La vengeance se préparait ;- Elle exécuta son arrêt.Le sabre aura, je crois, raison de la calotte ;- Et voici ce qui se complote :- Nos officiers supplantés- Devant la porte sont plantés.- Un morceau de bois se découvreQui, mis dans la poignée, empêche que l’on ouvre.Alors ils crient : « Au feu !… (à pleins poumons), au feu ! »- Ce qui fit son effet, parbleu !Nos abbés amoureux descendent quatre à quatre ;Mais la porte est barrée ; il en fallut rabattre.Que faire ? ils sont surpris ; ils se trouvent pincés ;Demain, par l’interdit ils vont être évincés.C’est un mal qu’à tout prix il faut que l’on évite :On remonte en deux temps ; on attache deux draps,On ouvre la fenêtre, on les fixe et, bien vite,On détale au plus tôt… Des souris ou des rats- N’eussent pas été plus agiles ;Mais les officiers, sans être moins habiles,- De nouveau crient : « Aux voleurs arrêtez !… »Dans la gueule du loup ils se sont donc jetés,- Ces pauvres prêtres ; c’est dommage.La foule s’amassait à cet affreux tapage ;- Elle les traque et les poursuit.- Heureusement qu’il faisait nuit- Et que nos ecclésiastiques- Eurent des jambes élastiques…Du sort avaient-ils pu compter sur la rigueur ?- Sur ce point que chacun disserte ;Le fait est qu’ils croyaient employer leur vigueur- Autrement que dans cette alerte !C. CANDIDE.
Texte établi par EROS-THANATOS.COM d’après le conte érotique en vers de C. Candide, « L’Amour et l’Anglaise », L’Œuvre libertine des poètes du XIXe siècle, pièces recueillies par Germain Amplecas (alias Guillaume Apollinaire), Bibliothèque des curieux, collection « Les maîtres de l’amour », Paris, 1918, pp. 23-25.
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