Nouvelle érotique
L’amour les yeux bandés
parMots-clés : Histoire érotique
Jacques Lucchesi, « L’amour à l’ère de Meetic », Nouvelle érotique, Paris, septembre 2015.
Ce Kévin, quel apollon ! Sandrine ne cessait de faire défiler sur son écran les photos qu’il lui avait postées la veille. Quel regard azuré ! Quel sourire de star ! Un visage à la fois sthénique et sensuel encadré par des mèches noires ! Comme si ce n’était pas suffisant, il possédait en plus un physique parfait : épaules larges et galbées, pectoraux qui semblaient sculptés dans le bronze, une magnifique ceinture abdominale aussi…
La seule question que Sandrine se posait, malgré ses 35 ans et une féminité à fleur de peau, c’était de savoir si elle était assez bien pour lui ? Si elle ne le décevrait pas lorsqu’elle oserait l’épreuve du premier rendez-vous ? Elle aurait dû pourtant être rassurée : les photos qu’elle avait publiées sur le site plaisaient aussi à Kévin. Néanmoins, il se présentait ouvertement comme un libertin et posait des conditions qu’elle ne comprenait pas bien. Il voulait en particulier – c’est ce qui semblait l’exciter – qu’elle se présentât à sa porte les yeux bandés. La plaisir, disait-il, n’en serait que plus fort. Après tout, elle savait maintenant comment il était fait. Cette confiance – littéralement aveugle – qu’il exigeait d’elle lui faisait, malgré tout, peur. Mais elle avait à un tel degré le désir de serrer son corps nu contre le sien qu’elle guettait en elle le moment où elle serait complètement prête à accepter sa fantaisie.
Ce point de non retour arriva environ une semaine après et quelques messages aux mots de plus en plus enfiévrés. Cheveux méchés, robe fendue, collant à résilles et escarpins noirs : Sandrine avait particulièrement érotisé son allure. Et plus d’un homme, durant cet interminable parcours, l’avait toisée avec envie sans qu’elle ne laissât rien paraître de son trouble, l’esprit entièrement polarisé sur Kévin. L’immeuble où il résidait se situait dans l’un des quartiers les plus recherchés de Paris. Elle s’y présenta, comme convenu, à la nuit tombée. Le bronze lustré des poignées de porte et de l’hygiaphone laissait présager du standing des appartements. Quel contraste avec le modeste deux-pièces qu’elle occupait dans le quartier de la Bastille !
Elle sonna au nom qu’il lui avait donné. Avant même qu’elle ne se soit annoncée, une agréable voix masculine – pas exactement celle qu’elle avait imaginée – surgit à travers les interstices : 6eme étage à gauche. L’ascenseur est à droite en entrant. Je vous attends. Et n’oubliez pas le bandeau.
Non, non, bien sûr.
Et elle poussa la lourde porte métallique, découvrant un hall immense tout en marbre et en miroirs. Sitôt dans l’ascenseur, elle tira de son sac le sésame de cette soirée si attendue, le fameux bandeau en coton opaque qu’elle ajusta tout d’abord autour de son front, attendant l’instant ultime pour le rabattre sur ses yeux. L’étage où elle déboucha était en tout point comparable à la vastitude princière du hall. Un silence quasi-total y régnait. Sans peine, elle trouva la haute porte de Kévin, but ultime de son périple. Avant la découverte du saint des saints… Elle repéra la sonnette dans l’angle puis, les yeux plongés dans la nuit, elle l’enfonça avec le sentiment angoissant d’avoir misé toute sa vie sur cet instant. Son cœur battait à tout rompre. La porte ne s’ouvrit qu’au bout de quelques secondes. C’était certain : on l’avait observé par l’huis. Des fois où elle aurait voulu transgresser la règle du jeu : Entrez, ma belle amie.
La porte se referma derrière elle. Une main douce mais ferme se posa sur son épaule. Maintenant tout n’était plus, pour Sandrine, que sons et sensations tactiles. Un premier baiser passionné scella alors leurs bouches : Moi aussi, je t’attendais comme un fou.
Sandrine passa ses bras autour du cou de son presque amant : à n’en pas douter il était aussi grand qu’il s’était présenté sur le site et dans ses messages. Puis elle pivota sur elle-même, frottant ses fesses fermes et rebondies contre le pubis de Kévin qui pouvait ainsi malaxer ses seins à pleine main. Des digues en elle s’abaissaient ; déjà le plaisir montait dans son ventre. Etrange jouissance que de confier son corps à un inconnu, de se laisser guider pas à pas vers le lit de tous ses fantasmes : Ne dis rien et laisse moi te déshabiller.
Fais ce que tu veux de moi, mon Kévin.
Une odeur d’encens flottait dans la pièce. Une odeur qui lui semblait s’insinuer dans son esprit, de plus en plus vaporeux, de plus en plus vacillant. Les doigts habiles de Kévin faisaient maintenant glisser la fermeture-éclair de sa robe en mousseline, dégrafaient son léger soutien-gorge, excitaient ses tétons ; tandis que de sa main gauche, elle cherchait son sexe déjà tendu sous le tissu du pantalon. Elle humait son souffle chaud contre son cou. Puis ce furent son collant et sa culotte satinée qu’elle sentit descendre et s’enrouler sur ses cuisses. Maintenant agenouillée sur le bord du lit, Sandrine tressaillait sous les caresses de plus en plus audacieuses de Kévin. Anus, vulve, clitoris : il ne voulait rien ignorer de son intimité offerte. Bien vite il la retourna et ce fut sa langue qu’il darda au centre de son corps, dans sa fournaise rose et brune. D’autres couleurs encore plus vives jaillissaient devant ses yeux toujours voilés. Elle sentit alors les couilles de Kévin caresser son menton, voulut les mordiller, se contenta finalement de les lécher en remontant le long de sa queue tendue comme une hampe, jusqu’à ce qu’elle trouvât le gland et l’engloutisse goulument : Mange moi, ma belle Sandrine. Mais n’oublie pas que nous n’en sommes encore qu’à l’apéritif.
Le plat de résistance vint assez rapidement, car leur commune fringale réclamait davantage que des amuse-gueules. En levrette tout d’abord avant de la couvrir énergiquement toute entière, bien vite dépassés par l’intensité de leur geyser orgasmique.
Le premier, Kévin se leva en direction de la salle de bain, laissant Sandrine retrouver son souffle, le corps encore tout parcouru d’influx nerveux. Elle avait chaud et porta une main sur ses joues empourprées, agacée par ce bandeau qui lui étreignait toujours les yeux : Dis, Kévin chéri, est-ce que je peux enlever le bandeau maintenant ?
Un silence de quelques secondes prolongea sa légitime demande : C’est que… Oui, tu peux l’enlever. J’arrive.
Bonheur de retrouver la vision des objets et des lignes dans cette chambre à l’éclairage délicatement tamisé. Le chuintement de la douche s’estompa dans la salle de bain. Elle allait enfin découvrir dans toutes ses dimensions l’homme qui l’avait si bien aimée. Une longue forme blanche apparût dans l’encadrement de la porte : c’était Kévin, le corps enveloppé dans un peignoir de bain. Sandrine écarquilla les yeux, se demandant si elle ne faisait pas un mauvais rêve. À la place de son apollon brun et musculeux, c’était un homme à la chevelure blanchie qui se tenait, l’air perplexe, face à elle. Un homme qui devait avoisiner les 70 ans, avec des traits encore racés mais qui n’avaient, cependant, plus rien de comparable au visage du jeune play-boy qu’elle avait tant contemplé. Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu se laisser abuser et manipuler de la sorte ? Toute à ses interrogations, Sandrine se sentait prise dans un étau de colère et de peur : Mais alors tu n’es pas Kévin. Tu n’es pas l’homme que j’ai vu sur le site et sur les photos…
Si, Sandrine, je suis Kévin. Et les photos que tu as visionnées sont bien les miennes. J’avais juste quarante ans de moins.
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