Nouvelle érotique
« J’étais un homme, maintenant. J’avais treize ans »
parMots-clés : Libertinage
Jacques Lucchesi, « La première fois (et juste avant) », Nouvelle érotique, Paris, janvier 2011.
Mystère de leurs corps révélé à l’adolescence par ces revues que l’on cachait sous le matelas. Papier glacé pour rêves brûlants, pages froissées, souillées, percées. Nudité obsédante de leurs seins aux bouts roses et bruns, de leurs fentes surtout, si bien cachées sous des bosquets sombres, empaquetées dans des slips en coton et des collants en nylon. Leur fente, je l’imaginais douce et moite au toucher. Certains disaient que c’était chaud et humide à la fois ; qu’elles mouillaient quand on y enfonçait un doigt ; qu’elles saignaient aussi mais que c’était naturel. D’ailleurs, comment oser y enfoncer autre chose qu’un doigt ?
Ainsi, les enseignantes et les lycéennes qui allaient souvent deux par deux avant et après la fin des cours, les voisines guindées croisées dans l’escalier, les amies de nos mères et leurs filles en fleur, nos tantes, nos cousines, nos mères elles-mêmes : toutes ces femmes qui peuplaient nos journées, toutes étaient donc faites comme ces superbes salopes qui grimaçaient et s’agitaient sur des pals de chair rosacée et auxquelles il manquait cruellement une troisième dimension ? Oui, mais comment le vérifier ? Comment oser leur dire qu’on voulait les voir nues au moins une fois, afin de comparer, comprendre, savoir…
D’autres femmes, à ce qui se racontait, vivaient aussi dans cette grande cité fauve. Des femmes semblables à toutes les autres et si différentes, pourtant. Des femmes que certains disaient mauvaises mais des femmes que l’on pouvait – avantage vertigineux ! – voir nues et caresser contre un peu d’argent. Premières explorations sexuelles de la ville. Premiers chemins de traverse à quelques enjambées seulement de notre territoire quotidien. Carnaval érotique sans trêve ni carême, de midi à minuit. Elles étaient là, à portée de main, disponibles, souriantes, massées et perchées sur le perron de petits hôtels aux noms aussi aguicheurs qu’elles : le Lunik, le Rexy, le Marquise. « Tu viens, chouchou ? »
Moi, je les remerciais poliment, baissant les yeux quand je passais près d’elles, ne voyant que leurs jambes et leurs chaussures à talons aiguille ou à semelles compensées. Si je m’arrêtais pour les observer, c’était un peu plus loin ou sur le trottoir d’en face, fasciné par cette surabondance de cuisses, de fesses et de seins subtilement exhibés, mis en valeur par une panoplie vestimentaire portée nulle part ailleurs. Chacune d’elles semblait promettre une salve de délices à bon marché. Dans ces conditions, comment faire un choix ? Les hommes qui les abordaient m’intriguaient tout autant qu’elles. En quelques secondes – affaire conclue —, ils s’engouffraient à leur suite dans une cage d’escaliers. Une minute après, une lumière rougeoyait derrière des persiennes closes, au premier ou au second étage. Mystérieux théâtre d’ombres, silhouettes féminines retirant, à la dérobée, un vêtement. Que pouvaient-ils bien faire ensuite ? Il faudrait, un jour, que j’aille un jour voir ça de près. Il faudrait, pour cela, que je m’arrache à cet état énervant mais délicieux, d’angoisse et de désir mêlés. Alors je deviendrais un homme, moi aussi.
Ce jour-là vint plus tôt que prévu, un mercredi gris et ennuyeux de décembre. Près de quarante ans plus tard, je la revois comme si c’était hier, petite femme à la chevelure pâle nouée en chignon. Ni jeune ni vieille, presque sage avec sa jupe qui s’arrêtait à ses genoux et son fin tricot à col roulé. A l’écart des autres, elle mangeait du chocolat mollement adossée au mur. Quelques mots échangés me mirent en confiance. Surtout mentir sur mon âge pour la décider à me prendre. Elle fut, heureusement, compréhensive : mais serait-elle douce en haut ?
Vieille taulière gardienne des clés dans sa guérite. Petite chambre, petit cadeau, stupéfaction devant la cheminée que formait sa toison pubienne (je n’ai jamais revu cette particularité ensuite), rituel de la petite toilette au lavabo (« Tu bandes dur »). Pourquoi ne voulut-elle pas, quand nous fûmes sur le lit, enlever ses chaussures ? Je ne le saurais jamais. Dureté de ses cuisses harnachées de bas noirs et de ses seins blancs (« Ne me les mord pas »). Surtout ne pas risquer l’effervescence et la crue précoce sous sa langue, se contenir jusqu’à l’instant suprême, pour jouir mais jouir en elle. Quelques secondes sur son ventre et tout mon jeune foutre fut lâché dans sa chatte sans le moindre coup de rein. Ce n’était donc que ça ?
Je repartis, mineur confus mais heureux d’avoir réussi son détournement volontaire. Sans ce besoin de dormir après dont elle m’avait parlé ; pas vraiment satisfait, non plus, avec l’envie lancinante de recommencer (mais je ne savais pas encore que ce ne serait plus jamais avec mon initiatrice). Afin de jouir mieux et plus longtemps de leurs corps. Autant de tourments doucereux qui n’allaient plus me quitter. J’étais un homme, maintenant. J’avais treize ans.
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