Éloge du sein des femmes
Chanson érotique par Auguste Gilles
Auteur : Mercier de Compiègne
Auguste Gilles, « Les Tétons » (Chanson érotique), Mercier de Compiègne, Éloge du sein des femmes, Ouvrage curieux dans lequel on examine s’il doit être découvert, s’il est permis de le toucher, quelles sont ses vertus, sa forme, son langage, son éloquence, les pays où il est le plus beau et les moyens les plus sûrs de le conserver, Éd. A. Barraud, Paris, 1873, pp. 154-156.
J’ai pris pour muse une égrillardeÀ qui la romance déplaît ;Chaque jour elle se complaîtÀ rendre ma muse gaillarde.La gaudriole en mes cartons,À ses yeux offre une lacune,Elle me garderait rancune,Si je ne chantais les tétons.Dans le sein fécond qui le porte,L’homme fait neuf mois de séjour ;Impatient de voir le jour,De ses pieds il frappe à la porte.À peine est-il né qu’à tâtonsLe jeune espiègle entre en licence,Et, sans égards pour la décence,À sa mère il prend les tétons.Chacun de vous a sa manie,Amis ; mais je ne doute pointQue votre penchant sur ce point,Avec le mien ne s’harmonie.Et je crois bien que nous goûtonsMême plaisir et même ivresse,Quand notre main frôle et caresseTour-à-tour deux jolis tétons.Il est un usage contraireA la pudeur qui vous régit ;Votre modestie en rougit ;Mais elle ne peut s’y soustraire.Belles, quand nous vous accostons,De l’arc-boutant de la natureVotre œil furtif prend la mesure,Le notre toise les tétons.Dumont dit à son fils Hilaire :-- Il faut enfin te décider,Et conduire, sans plus tarder,Au temple d’hymen Rose ou Claire.-- Papa, mon choix est fait ; partons :De Claire la beauté me flatte,Mais elle a la poitrine plateEt sa sœur a de gros tétons.Paul et Justine se conviennent.L’amour paraît combler leurs vœux ;C’est à leurs mutuels aveuxPourtant que l’un à l’autre ils tiennent :Grâce à leurs marchands de cartons,Aux amateurs ils font des niches,L’un avec des mollets postichesEt l’autre avec de faux tétons.Nature dit à la fillette,Qui les voit poindre en son corset :Craignez que le nœud d’un lacetN’en comprime la peau douillette ;Qu’entre leurs deux jolis boutonsLe même espace s’interpose :Dans vingt ans où je les poseQu’Amour trouve encor les tétons.À notre liberté publiqueJe tiens par goût et par devoir,Et dans aucun temps le pouvoirNe m’a fait changer de tactique.Au diable les ventrus gloutonsDe Villèle et de Bonaparte ;Car la liberté sans la CharteC’est une femme sans tétons.AUG. GILLES.
Gilles, « Les Tétons », publiée par Mercier de Compiègne, dans son Éloge du sein des femmes, Ouvrage curieux dans lequel on examine s’il doit être découvert, s’il est permis de le toucher, quelles sont ses vertus, sa forme, son langage, son éloquence, les pays où il est le plus beau et les moyens les plus sûrs de le conserver, Éd. A. Barraud, Paris, 1873, pp. 154-156.
L’Œuvre libertine des poètes du XIXe siècle
Chanson héroïque
par Théophile GautierÉloge du sein des femmes
Chanson érotique par Auguste Gilles
par Mercier de Compiègne