Albert-Marie Guye, Tu arrives de si loin…, Revue Florica, été 1992.
« Si l’on considère les préhominiens comme nos ancêtres, nous autres anthropologues faisons reculer dans le temps les origines de l’homme. Je rappelle que le mot ‘anthropologue’ fut créé par l’anatomiste Paul Broca ; et que l’anthropologie se limite à l’histoire naturelle du genre humain ; c’est-à-dire à l’étude des hommes primitifs, à celle des principales races humaines disparues ou vivant actuellement, tout comme à celle de l’homme considéré en tant qu’individu morphophysio-psychologique, de sa naissance à sa mort.
Le préhominien, cet ancêtre commun au singe et à l’homme est un animal provinien découvert dans le Montana, sur la Purgatory Hill. Gros comme un rat, ce lémurien vivait il y a 70 millions d’années. Mammifère arboricole, il possédait, tout comme nous, cinq doigts distincts, un cerveau développé et une vision stéréoscopique. Cet être de transition va, durant 40 millions d’années, peupler l’Amérique et l’Europe. L’arbre généalogique s’est ensuite divisé en deux voici 30 millions d’années ; la première branche va donc donner la lignée des anthropoïdes végétariens (chimpanzés, gorilles, gibbons et orangs-outans). Dès les premiers millions d’années qui suivirent, dans la seconde branche, l’homme va se dégager laborieusement d’un animal omnivore et agressif possédant trente-deux dents (le singe en a trente-quatre).
Cet égyptopithèque ou priopithèque évolue sur un être plus grand : le ramopithèque.
Le ramopithèque, qui est de courte taille, quittera la forêt pour la savane. Il y a 15 millions d’années de cela. Sa main se libère, puisqu’il peut se dresser par moment sur ses pattes de derrière. Il s’en sert pour saisir un bâton, lancer des cailloux.
Apparaissent alors les australopithèques, 10 millions d’années après. Ils commencent à réfléchir puisqu’ils taillent les galets et s’en servent comme armes. Deux variétés d’australopithèques : l’australopithecus robustus et l’australopithecus africanus.
Le premier être à porter véritablement le nom d’homme n’est plus tout à fait un australopithèque. C’est presque un homo habilis mesurant 1,20 m. qui sait se tenir droit et marcher sur ses deux jambes. Voici 3 millions d’années cet homo habilis vit en groupe, transportant dans des demeures provisoires (huttes faites de branchages) les animaux qu’il a tués pour les manger.
Et puis, il y a un million d’années, apparaît un être mi-singe, mi-homme, dénommé en 1891 ‘pithecanthropus’ par Eugène Dubois. On l’appellera désormais ‘homo erectus’. Il a une tête allongée, une capacité crânienne de 870 cm3. Il apprend à dompter le feu en se servant de brindilles allumées avec un silex. Il est déjà capable de fabriquer de magnifiques outils de travail en pierre. Ce préhomminien a notre taille et notre poids.
Cet homo erectus préfigure la naissance de l’homme ». (À suivre)
Andrew venait juste de poser le dernier point de son article destiné à la revue d’anthropologie à laquelle il collaborait depuis peu, que Djemila avait sonné fébrilement à sa porte ; qu’elle l’avait entraîné dans la chambre à coucher blanche de soleil et que, folle de rage amoureuse, en nage, elle le besognait, elle le dominait, elle lui administrait en haletant un plaisir graduellement dosé dont aucune femme ne lui avait, même donné l’idée d’un avant-goût.
Djemila, malgré son expérience dans maints domaines, n’accusait que vingt-deux ans. Les cheveux frisés d’un noir de jais, la peau hâlée comme toutes les Algériennes, elle avait les cuisses rondes, les seins généreux, gonflés, tendus et arrogants comme la proue d’un navire à l’abordage. De taille moyenne, elle était un concentré de magnétisme érotique lancinant qui émouvait, conquérait, allumait, affolait et soulageait l’homme libre de quarante ans qu’était Andrew, idéaliste et obnubilé par la perfection en tout, comme le sont les vrais artistes en général, et plus particulièrement certains écrivains sensuels.
Djemila ! Sans crier gare elle avait fait sensation en arrivant dans la librairie où il dédicaçait, samedi dernier, son livre « l’Homme du futur ». Toute moulée de noir, les cuisses comme enluminées par une mini-jupe couleur d’or, la poitrine exposée bien haut sous un corsage tendu ; elle avait accouru vers lui, comme aiguillonnée par les deux petits papillons verts qui butinaient de chaque côté de sa coiffure, également toute en rondeur. Bonjour Andrew ! Je vous ai vu hier soir aux actualités de vingt heures. Je suis passionnée, à la fois d’anthropologie et de parapsychologie et… j’habite en face de chez vous, square Vitruve…
Elle disait cela posément, avec une maîtrise de femme sûre, habituée aux victoires sentimentales d’office. Elle changea toutefois de ton et poursuivit : Dès que vous êtes arrivé à Paris, j’ai remarqué votre démarche de conquérant méthodique, vos moustaches rousses à la gauloise, et votre regard d’alchimiste qui semble vouloir faire de l’or avec tout ce qu’il touche… Au fait, vous êtes grand, vous mesurez combien ? Au moins plus d’une toise !
Bien qu’il la dévorât des yeux et de partout depuis qu’elle avait fait irruption devant lui, Andrew n’avait pas trop détaillé ses yeux. Et soudain, il venait de les heurter, ses yeux, de plein fouet ; des yeux également noirs, mais d’un noir en feu. C’était cela, Djemila était une femme – une fille car il ne lui donnait pas vingt-deux ans et la croyait même mineure – en noir lumineux. Djemila était une femme de braises noires. Pendant d’extraordinaires minutes hors du temps, à mille contrées de la librairie, de ses livres et de paris, Andrew s’était repu des yeux de Djemila, de ses diaboliques rayons de lumière noire qui envoûtaient son esprit, son cœur et son sexe… Et le soir même de ce surprenant samedi d’octobre parisien, ils s’étaient retrouvés dans un seul appartement du square Vitruve, le sien. Un appartement d’homme riche de livres, de célibataire.
En nage et d’un désir bruyant, Djemila qui n’avait gardé que ses bas noirs – c’était son fantasme à lui – le dominait. Elle lui faisait l’amour. Elle lui avait imposé la position chevauchante dite « à califourchon ». Il était allongé sur le dos, les jambes légèrement repliées. Son rôle était donc passif. Djemila, agenouillé à califourchon sur lui, s’octroyait le rôle actif. Elle soulevait et reposait alternativement les hanches. En même temps, elle pouvait effectuer des rotations de droite à gauche et de gauche à droite sur le bassin d’Andrew. Cette position donnant le rôle actif à la femme était très populaire dans les pays d’Asie. Elle avait l’avantage de laisser à la femme l’initiative des mouvements coïtaux. Et quel émerveillement érotique pour Andrew que de découvrir Djemila, affolée de plaisir, penchée en arrière – ce qui donnait à ses seins prêts à éclater une provocation insoutenable. Et quelle ardente émotion que de voir monter le plaisir orgasmique sur son visage hâlé et crispé de jouissance !
Maîtresse experte en érotisme opérationnel, Djemila préférait cette position qui rendait profonde la pénétration du pénis et le mettait en contact avec le col de l’utérus. Pour éviter une pénétration trop avancée, elle déterminait l’intensité des mouvements. Un judicieux dosage de ces mouvements de haut en bas et de bas en haut et d’avant en arrière, déclenchait une excitation atteignant le clitoris et l’ensemble du vagin. Le pénis attisant le col de l’utérus ; une excitation alternative particulièrement intense croissait vite chez Djemila. Quand elle s’inclinait en avant, son vagin prenait une position horizontale. Un mouvement d’avant du bassin lui faisait obtenir encore une autre excitation très forte au contact du pubis d’Andrew. Simultanément, une pression intervenait sur l’arrière du vagin. Andrew pouvait avoir un rôle actif des mouvements du bassin. Ah : Djemila, je gémis là. Las Djemila ; qu’as-tu mis là, qu’ai-je donc mis là ?
La fille de braises noires avait appris à Andrew à faire l’amour avec les mots parlés. À faire en sorte que les mots d’amour fassent même l’amour entre eux… Jamais deux êtres n’avaient partagé une telle complicité physique. Leurs yeux faisaient l’amour. Leurs cœurs faisaient l’amour. Leur esprit faisait l’amour. Le plus occulte et le plus insondable de leurs âmes faisait l’amour… Faire l’amour ? Non pas en fait, non pas seulement. C’était plutôt faire les amours. Andrew était expert en amour suggéré, en amour latent, en amour abstrait. Puis ses mains mimaient et concrétisaient, sur le corps de Djemila, l’évolution subtile de son désir. Andrew était l’alchimiste, et le corps de Djemila l’athanor (le foyer) où tout prenait feu.
Leurs parties d’amour, en général et sauf ce soir-là où Djemila avait exceptionnellement et furieusement brûlé les étapes, demandaient plusieurs heures. Plusieurs orgasmes consacraient de part et d’autre plusieurs appréhensions de l’amour physique. Mais toujours, c’était Djemila qui concluait ce jeu de fournaise par une apothéose ; Djemila qui se redressait, se dominait et dominait l’homme qui, Andrew qui, chevauché, gémissait là, imaginant tout à coup, ou plutôt se demandant de quelle façon ses ancêtres les préhominiens faisaient l’amour…
Et lorsque Djemila, repu d’orgasmes et le ventre chaud de la sève d’Andrew, se laissa tomber sur son torse ébloui de jouissance et sur sa bouche encore dévorante ; elle crut entendre cette curieuse prière haletante de supplication : Ma chérie, n’évolue plus !... Tu es née voici près de soixante-dix millions d’années… Oh ! Mon amour, tu es parfaite, n’évolue plus !... Reste comme çà, tu es sublime… Arrête-toi, n’évolue plus ! Repose-toi sur moi : tu arrives de si loin !...
Texte établi par EROS-THANATOS d’après la nouvelle érotique d’Albert-Marie Guye, Tu arrives de si loin…, d’abord publiée dans la Revue Florica, à l’été 1992.
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